PROCEZ VERBAL DE N. POULAIN.                  4-v
ayant été incontinent avertie Sa Majesté, il m'auroit envoyé querir derechef par le commissaire Colletet, qui m'avoit mené au soir bien tard au logis de M. le chancelier, où je fis entendre incontinent au Roy tout ce qui se passoit, et les places desquelles ils préten­doient se saisir pour effectuer leur entreprise : et com­manda Sa Majesté à M. le chancelier m'envoyer au logis de M. de Villeroy. Ce qu'il fit ; et m'y mena Col­letet, entre les maius duquel ledit chancelier me met­tant ( toujours pour couvrir cette affaire ), dit tout haut qu'il ne falloit point faire le rétif, qu'il y falloit aller; et me disoit que c'étoit pour mon etat, lequel il falloit résigner, et qu'on n'en parlât plus. Etant arrivé au lo­gis de M. de Villeroy, ledit seigneur me tira tout aussi­tôt à part : auquel je discourus sommairement de toute l'entreprise, laquelle il rédigea par écrit; et quant et quant me demanda si je voulois sortir de prison, et qu'il m'en tireroit de puissance absolue. Auquel je fis réponse que si je sortois par la puissance du Roy, que je serois découvert : mais qu'il y avoit autre bon moyen, dont je lui ferois ouverture quand il seroit temps.
Cependant le Roy, sur mes avis, commanda la garde étroite des portes de la ville, mit des forces au grand châtelet et au petit : à sçavoir M. Lugoli et M. Rapin, au Temple; pareillement à l'Arsenal, pont Saint-Cloud, Charenton et Saint-Denys; et si fit venir forces trou­pes, dont ceux de la Ligue se trouverent étonnez, et craignoient fort que le Roy ne les fît prendre et punir, ne sçachans le moyen par lequel ils avoient été décou* verts. Or avoient-ils opinion sur La Bruyere le pere, pource que le Roy l'avoit envoyé querir.
Sur ces entrefaites je sortis de prison, sur une simple
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